Je suis liée pour toujours à la Bresse pour être née après-guerre à Saillenard, village au cœur de la Bresse louhannaise. Là sont mes racines, ancrées dans ce terroir rural. J’y suis issue de longues lignées de laboureurs et de meuniers, tous bressans, nés et ayant vécu dans une petite douzaine de villages situés dans un périmètre restreint autour de Louhans. Ma généalogie, que j’ai pu établir, remonte jusqu’au seizième siècle pour certaines branches (à Saint-Usuge et à Sagy).
Cette ascendance paysanne m’a transmis le sens du vrai, de la nature et des valeurs fondamentales. Aujourd’hui je vis près de Nice mais je retourne fréquemment me ressourcer en Bresse.
Mon goût pour l’histoire
J’aime l’histoire comme j’aime les voyages: par curiosité. Le passé est un pays exotique, parfois étrange et j’aime m’y promener.
J’ai effectué des études supérieures d’histoire à Lyon, mais cet intérêt pour le passé n’est pas né avec mes années d’étudiante, je crois qu’il m’a toujours habitée. Je me souviens encore de mon émerveillement à découvrir sur mon livre d’histoire de 6ème les photos des pyramides égyptiennes, des temples grecs ou romains, ou les récits mythologiques ! Dans l’Histoire, je me suis toujours intéressée aux hommes et aux femmes obscurs du passé plus qu’aux rois, aux traités ou aux grandes batailles tumultueuses. Je me sens proche de ces personnes anonymes. Elles ont subi les grands évènements qui ont fait l’Histoire et parfois s’en sont retrouvées otages. Là se situe sans doute l’origine de mon inspiration pour mes premiers romans, Pain amer et Le Serment de Maria. Je ne saurais pas expliquer précisément la raison de cet intérêt si ce n’est par une circonstance familiale. En effet, pendant toute mon enfance, j’ai baigné dans le passé de captivité de mon père. Il avait été prisonnier de guerre pendant 5 ans dans un stalag de Prusse orientale, n’évoquait jamais ses souvenirs, n’en parlait pas, mais pourtant, mes sœurs et moi, nous baignions dans ce passé tu. Les années de captivité de notre père tenaient une place prépondérante dans notre présent et pas seulement parce que toute sa vie durant, il fut président actif d’associations d’anciens prisonniers de guerre. De cela, bien sûr, il parlait : réunions, discours, cérémonies, gerbes au monument au morts…mais ce dont il ne disait mot, pesait bien plus lourd.
Une vocation tardive
Mon premier roman a été publié alors que j’avais 60 ans passés ! Auparavant, je n’avais jamais pensé, ni même rêvé écrire un jour un roman. Le déclic fut une rencontre bouleversante, au cours d’un voyage en Ukraine : deux personnes qui s’exprimaient dans un français parfait m’avaient confié être nées en France et avoir été obligées de suivre leurs parents contre leur gré dans l’URSS de Staline aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. L’une d’elle avait laissé un amoureux en France et avait longtemps espéré pouvoir revenir dans ce pays où elle était née et se considérait comme chez elle… De retour en France, j’avais voulu en savoir plus. J’ai commencé à accumuler de la documentation, à trouver d’autres témoignages. À l’époque, ils avaient été 10 à 12 000 à effectuer ce voyage sans retour de la France vers l’URSS ! Et puis, un jour, j’ai ressenti le besoin de mettre noir sur blanc une histoire romancée qui pouvait refléter le vécu de ces personnes… C’est ainsi qu’est né Pain amer. En fait, je crois que cette envie d’écrire me poursuivait depuis longtemps sans que j’en aie conscience ou que, peut-être, je ne m’autorise moi-même à sauter le pas. J’en veux pour preuve le fait que j’avais déjà écrit une sorte de « premier roman » à 11 ans, alors que je me trouvais élève de 6eme en internat. C’était un roman policier, rédigé sur un méchant cahier de brouillon (j’ai retrouvé récemment le « chef d’œuvre » dans le grenier de la maison familiale !) : l’histoire d’une classe de 6ème qui gagnait un séjour de vacances au bord de la mer suite à un concours de gymnastique et qui en profitait pour démanteler un trafic de contrebande de cigarette… Je me souviens très bien du bonheur que je ressentais à écrire durant l’étude : écrire, c’était une bulle protectrice, un contre-poison aux duretés de l’internat. À l’époque j’écrivais pour me distraire, c’était un jeu, je n’imaginais pas qu’un jour j’écrirai « pour de vrai ».
Mon quotidien de maintenant
Mariée à un docteur vétérinaire, mère de deux enfants, grand-mère, l’écriture occupe aujourd’hui une grande place dans ma vie mais je reste celle que j’ai toujours été. J’aime cuisiner pour mon époux et moi-même et pour recevoir avec plaisir ma famille et mes nombreux amis. J’aime randonner dans les collines autour de chez moi, Col de Vence, baous et vallons, pour profiter, en pleine nature, de paysages époustouflants à seulement quelques kilomètres à vol d’oiseau des agglomérations du littoral. Bien entendu, je randonne aussi dans ma Bresse, le long de ses sentiers bocagers et ses étangs. J’ai la chance de pouvoir voyager et j’aime tous les voyages : sur les routes de France où je m’émerveille de la diversité de nos terroirs et de la richesse de notre patrimoine historique et artistique tout autant que les voyages lointains, encore dépaysant de nos jours bien que l’uniformité, hélas, gagne du terrain.